Le houblon de retour au Québec

Partout au Canada et particulièrement au Québec, la croissance des microbrasseries a permis à une vieille industrie de renaître : celle de la culture du houblon, qui avait disparu dans les années 40.

À Saint-Bernard, en Beauce, Francis Gagné et Anne-Marie Lessard ont investi 1 million pour mettre sur pied ce qui pourrait bien devenir la plus importante houblonnière au Québec. Ils prévoient injecter 300 000 $ de plus d’ici la fin de l’année.

« Nous avons vu qu’il y avait une bonne demande pour du houblon québécois et nous avions des terres qui convenaient à cette production. »

— Francis Gagné

D’ici 2021, Houblon des Jarrets noirs espère produire 20 000 kg de houblon par année. C’est considérable : cette année, l’agronome Julien Venne prévoit que toute la production québécoise s’élèvera à 26 000 kg.

M. Venne explique que la production canadienne de houblon a pris son envol après la pénurie de 2007-2008, causée par des incendies aux États-Unis et de mauvaises récoltes en Europe. Le nombre de producteurs québécois est passé de 10 en 2008 à 36 cette année. Le spécialiste projette une production de plus de 60 000 kg au Québec en 2018.

À Laval, Luc Fortin a planté 1800 plants de houblon depuis 2011. Il espère que son entreprise, Brune Houblonde, dégagera ses premiers profits d’ici deux ans. L’un de ses principaux clients est Brasseurs Illimités, établi de l’autre côté de la rivière des Mille Îles, à Saint-Eustache. Avec cinq autres producteurs, M. Fortin fait partie de la coopérative Houblon Québec, qui permet un partage de ressources et de connaissances.

Le houblon est une plante grimpante qui ne se cultive pas facilement. Il est vulnérable au mildiou et aux parasites comme le scarabée japonais. « Il y a peu de fongicides et d’herbicides homologués au Canada alors qu’il y en a des centaines aux États-Unis », déplore Francis Gagné. La récolte des cônes de houblon nécessite en outre de la machinerie coûteuse que ce dernier a importée d’Europe.

Les coûts de production sont donc plus élevés au Québec qu’aux États-Unis ou en Allemagne. Par conséquent, le houblon québécois se vend de 50 à 100 % plus cher que celui provenant de ces pays. « Mais comme on en utilise relativement peu dans la fabrication de la bière, l’impact n’est que de deux ou trois cents la bouteille », soutient M. Gagné. Avec l’amélioration des conditions de production, les coûts diminueront, souligne Julien Venne.

Les activités de culture d’orge brassicole et de maltage ont également refait surface ces dernières années, de sorte qu’il est désormais possible de produire des bières 100 % québécoises. Après avoir implanté un vignoble à Saint-Joseph-du-Lac en 1998, André Lauzon et Sylvie D’Amours ont lancé la malterie artisanale Sucre d’Orge en 2011, l’une des rares au Québec. L’année suivante, ils ont mis sur pied une microbrasserie et souhaitent un jour produire du whisky.

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